Les rideaux de fer recouverts de tags et de flops, on en trouve à foison le long des rues et avenues parisiennes. La plupart ont été réalisées en totale liberté (et donc en général dans des conditions « illégales »). Mais certains commerçants n’hésitent pas à faire appels aux artistes urbains pour apporter de la couleur à leur store ou même devancer les « vilains vandales » qui seraient tentés de taguer sur leur surface vierge. Cette stratégie ne fonctionne pas forcément (elle dépend du quartier de Paris concerné, de la qualité de la fresque peinte, de la notoriété et du respect de son auteur mais aussi et surtout de la chance ! La vulnérabilité et le côté éphémère d’une fresque peinte à même la rue fait partie des règles du jeu et même de son charme.
« Si je fais taguer mon store par un professionnel, ça m’évitera de me retrouver avec des tags moches »
C’est souvent le discours des commerçants avec leurs éternels « j’aime bien quand c’est des personnages et des dessins, c’est joli. Par contre les écritures là, c’est sale ! » . Probablement comme des milliers de collègues, nous avons eu ce débat avec ces derniers, tentant de leur faire comprendre que tout cela est un tout. Et que d’ailleurs la recherche et l’approche esthétique d’un tag peut avoir infiniment plus d’intérêt et de richesse qu’un perroquet multicolore. Certains comprennent. La plupart ne comprennent pas. Du coup, on a arrêté d’essayer de les raisonner et on alimente notre blog pour tenter de le faire comprendre à ceux qui le voudront bien.
La seule règle, c’est qu’il n’y en a pas !
Et c’est ce que nous reprochons à ceux et celles qui s’obstinent à dire ci et là que « le graffiti c’est ceci » – « le graffiti c’est cela » car nous sommes convaincus qu’il existe autant de manière d’approcher cet art que de gens qui le pratiquent. Personne ne détient la vérité absolu. Pour certain il s’agit uniquement de peindre en situation illégale et le graffiti perdrait son essence dès qu’il est autorisé voire apprécié et sollicité. Pour d’autres l’approche esthétique est la plus importante et n’hésitent pas à s’installer confortablement dans des friches ou zones abandonnées pour travailler tranquillement et pour leur style le plus loin possible. D’autres encore (souvent les derniers arrivés) n’ont même quasiment jamais peint dans la rue et travaillent en atelier et pour les galeries. Certains sont des marginaux qui n’attachent aucun sens ni aucunes démarches particulières. D’autres se revendiquent du mouvement hiphop (si si, il y en a encore) et se trouvent une filiation avec Afrika Bambataa. Il y a aussi les bien nés (et ils ont le droit de l’être) qui ne manquent de rien si ce n’est de sensations fortes.
Hakim Idriss
Artiste et fondateur de Graffeur Paris
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