À nos grands regrets, il existe encore dans le Street Art un écart de considération et d’exposition entre le graffiti classique (issu de la culture hip-hop et de l’art de dessiner des lettrages dans la rue) et le street Art, qui est plus grand public et qui est une sorte de cousin du Pop Art. Il est largement plus accessible au grand public, car plus concentré sur le travail de personnages, et souvent traité avec plusieurs couleurs.
Résultat: après la déferlante de mode et l’engouement qu’il a pu y avoir autour du Street Art (encouragé par de grandes expositions à fort succès à la fondation Cartier, au Grand palais ou alors toutes les initiatives qui ont permis de rendre cet art plus accessible au public), des carrières de Street artistes se sont lancées à très grande vitesse. Cela leur a permis d’accéder à un grand public et à des festivals internationaux, alors que des artistes qui ont posé les fondations de cet art en France et en Europe sont restés dans l’anonymat le plus complet. Une aberration pour les puristes auxquels nous appartenons.
L’exemple du succès de JonOne
Nous avons cru longtemps qu’avec le succès d’artistes majeurs du graffiti, tels que JonOne, les choses pourraient prendre une autre tournure, stimulant l’intérêt des amateurs du genre vers des créations plus « graffiti ». Que neni ! Il semble que la pratique graffiti issue de la mouvance de New York se soit ringardisée quelque peu avec le temps et qu’elle soit devenue, malgré elle, une mouvance du Street Art réservée à une poignée d’initiés et de connaisseurs. Un peu comme le jazz expérimental dans un autre genre.
Le graffiti est donc encore aujourd’hui un art certes très puissant et riche, mais encore trop codé pour pouvoir devenir aussi accessible qu’un portrait multicolore de Street artiste qui ne maîtrise aucun code et ne connaît pas l’histoire de cette culture.
Hakim Idriss
Artiste et fondateur de Graffeur Paris
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