Kunihiko Moriguchi : le virtuose
Il y a des œuvres dont la force et la puissance est si élevée qu’elle vous explose au visage quand vous vous trouvez devant. Les mots vous manquent lorsque vous souhaitez en parler… Le travail de Kunihiko Moriguchi en fait indiscutablement partie. Son exposition « vers un ordre caché » avait lieu à la maison de la culture du Japon à Paris en décembre 2016. Une occasion en or qu’il ne fallait pas laisser passer pour nous.
Cet artiste qui perpétue la tradition de teinture de tissus appelée yûzen a réussi un grand pari. Celui de conserver la technique traditionnelle que pratiquait son père ( où d’ailleurs il excellait). Et à la moderniser à travers des choix de couleurs et des compositions de motifs vivantes et hypnotisantes. Nous sommes depuis longtemps très intéressés par l’art du motif en Afrique (et dans le monde entier). Il est très intéressant de prendre le temps d’observer ce type d’artistes. Elevé au rang de « trésor national vivant », il a réussi à pousser leur art vers une nouvelle dimension « un ordre caché »…
Une vie
L’un des éléments qui nous a le plus frappé en découvrant les pièces présentes dans l’exposition à Paris a été l’envergure du travail présenté. Chaque pièce nécessite un tel travail de concentration et de précision que la réalisation d’un seul kimono pouvait durer un an. Le plus ancien des kimonos de l’exposition pouvait donc dater de 1987 et le plus récent des dernières années.
Ainsi, contrairement à la plupart des expositions d’artistes ici le travail présenté n’est pas celui de la dernière année ou d’une période courte de la vie de l’artiste mais bien de l’ensemble de son existence. Cette différence est fondamentale car elle met en perspective la vie de Kunihiko Moriguchi et on a la certitude que chacun des détails et chacune des oeuvres est d’une importance capitale, qui n’a pas été pris à la légère ou à la va vite par l’artiste. Le temps et la qualité est mise à l’honneur, chaque détail est un régal pour l’observateur.
L’ordre caché…
Au-delà de l’immense respect que suscite l’œuvre d’un tel artiste, il y a deux choses capitales qui nous ont conduit à nous intéresser à lui. Ces deux choses sont fondamentales dans la pratique artistique, y compris la nôtre : la couleur et la composition. Certainement du fait du temps consacré par l’artiste à chacune de ses œuvres, le choix des couleurs des kimonos présents lors de l’exposition est très efficace et juste. Aucune surenchère, aucun excès de zèle, aucune combinaison de couleurs qui pourrait trouver disgrâce à votre rétine. Tout est d’une perfection et d’une justesse qui dépasse presque l’entendement.
D’ailleurs au sujet des choix de couleurs, nous avons été stupéfaits par certaines combinaisons. Elles pouvaient presque faire penser à des choix de couleurs de tissus africains tels que le Wax. Concernant les motifs ils sont aussi très pointus. L’artiste ne s’étant pas contenté de partir d’un motif uniforme qu’il répéterait à l’infini. Il donne réellement vie à un motif de base qui s’exprime différemment sur la surface du kimono, jouant même avec les plis et le volume de l’objet.
Hakim Idriss
Artiste et fondateur de Graffeur Paris
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